
Le monde est petit !
Antoine Auguste dit Antonin du Beaufret nait à Auzances (Creuse) le 13 décembre 1867. Il appartient à la promotion 1890 de l’École centrale des Arts et Métiers de Paris, promotion suivant immédiatement celle du grand-père Albert Pageyral. Les deux hommes se sont donc certainement connus pendant leurs études. Antonin est aussi licencié en droit.
À sa sortie de l’école, il est engagé par la compagnie d’Orléans comme contrôleur du matériel et de la traction. Il est envoyé à Nantes, ville où il s’installe. Le 28 juin 1894, il a un fils avec Léontine Doucet. Il n’épouse pas cette dernière, mais n’abandonne pas son fils: il le prend en charge et le mentionnera toujours comme l’ainé de ses enfants (et fils aîné de son épouse légitime…)
Vers 1897-1898, il part en Algérie, comme ingénieur adjoint à l’ingénieur en chef des services de l’exploitation des Chemins de fer de Bône-Guelma et prolongements. Il s’installe à Bône (actuelle Anaba) et y épouse le 14 septembre 1901 Alice Augustine Anaïs Carle, dont il aura 6 autres enfants.

La compagnie des chemins de fer de Bône-Guelma a été créée en 1875 pour la construction et l’exploitation de lignes de chemins de fer en Algérie et Tunisie. En une dizaine d’années elle constitue un réseau homogène, entre Guelma et la frontière tunisienne (449 km de lignes) et surtout en Tunisie où son réseau atteindra 1205 km.
À partir de 1913 la compagnie utilise des locomotives construites par la SACM.

La compagnie sera scindée en deux: rachat en 1915 des voies algériennes par les Chemins de fer algériens et en 1922 de la partie tunisienne par la Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens.
Entre 1903 et 1905, Antonin est envoyé par son employeur à Tunis, toujours comme ingénieur d’exploitation des chemins de Fer. Il emménage au 12 de la rue de Hollande, où il est voisin d’Albert qui s’y est installé avec sa famille peu après le décès d’Hélène.
Les deux hommes ont très certainement des relations professionnelles. La mine du Ressas est reliée au réseau ferré à la gare de la Laverie et, début 1908, les autorités ont décidé la démolition de structures couteuses érigés par la société dans cette gare.

Ils ont aussi des relations plus amicales : le samedi 1er décembre 1906 à 21 heures, Albert et Amélie reçoivent rue de Hollande les centraliens de Tunisie et leurs familles, dont les du Beaufret, pour une soirée où sont jouées Centrale-Expresse-Revue (une « fantaisie d’ombres » écrite par le camarade Didé – ECP 1893) et Pendant le Bal.
En 1905, Antonin du Beaufret publie à Bône un livre : « La paroisse de Rougnat en la châtellenie et baronnie d’Auzances au pays de Combrailles ».

Le livre est édité par son beau-père Alexandre Carle, imprimeur.
L’intérêt d’Antonin du Beaufret pour Rougnat tient au fait que le berceau de sa famille est le hameau du Beaufret, qu’elle a ensuite habité Le Montely puis Magnanon, avant de se fixer à Auzances, où il est né et où il est décédé le 21 septembre 1955, à l’âge de 87 ans.
L’année de la publication du livre, il fait ériger une tombe (où ont sans doute été recueillis les restes de ses ancêtres) dans le nouveau cimetière de Rougnat. L’ancien cimetière était, comme cela était habituel, dans le bourg, près de l’église. Cette tombe porte une stèle gravée :

« Antonin du Beaufret
érigea cette tombe
en 1905
à la mémoire
de ses ancêtres
inhumés
au cours des siècles passés dans l’ancien cimetière
de la paroisse
de
Rougnat
Requiescant in pacem »
Ce livre contient plus de 200 pages; il est divisé en 5 parties:
- Notes sur l’histoire générale de la région ou se trouve la paroisse de Rougnat
- Organisation religieuse & organisation féodale de la paroisse de Rougnat
- Juridictions diverses dont relevait la paroisse de Rougnat
- Charges pesant sur les habitants de la paroisse de Rougnat
- Dictionnaire alphabétique des villages de la paroisse de Rougnat
Je pensais que le livre était difficile à consulter: les liens donnés sur la page Wikipédia de Rougnat ne sont plus fonctionnels et je n’avais réussi à localiser que 2 exemplaires du livre en France, l’un à Paris (bibliothèque de l’Institut de France) et l’autre à Limoges-Séminaire (Fonds patrimonial dit du Grand Séminaire), établissements difficilement accessibles au commun des mortels. Mais le monde étant (vraiment très) petit, je viens d’apprendre qu’un exemplaire se trouve à Vialleix dans la maison de la petite fille ainée d’Albert !
Le livre a été numérisé par Google, dans la bibliothèque de l’Université de Pennsylvanie qui en conserve un exemplaire: cette numérisation est accessible via HathiTrust, à condition de se localiser aux USA avec un VPN. Il peut être lu mais pas téléchargé.
Il a aussi été réédité en octobre 2022 par Legare Street Press, et peut être commandé sur Amazon (délai de livraison de 3 à 7 mois!).
Ci-dessous quelques extraits du livre: la liste des hameaux de Rougnat, les trois pages consacrées au bourg lui même et la page sur Vialleix (pour les lire confortablement: clic droit sur une page et ouvrir dans un nouvel onglet ou aller à Vialleix).






Albert Pageyral et Antonin du Beaufret, tous deux centraliens, ont donc été voisins pendant quelques années au 12 de la rue de Hollande à Tunis, première rencontre entre la famille et Rougnat !
Texte mis à jour le 7 mars 2025
4 commentaires
Guillemette
Bravo Bernard, super intéressant ces trouvailles !
Y a t’il des descendants de cette famille,
BMPageyral
Merci Guillemette.
je pense qu’il y a de nombreux descendants dans cette famille.
Une fille d’Antonin a épousé à Tunis en 1924 un Mr Henri Guiard; le couple a eu des enfants. Son dernier fils Tancrède a utilisé le nom de du Beaufret des Genettes (je n’ai pas cherché le pourquoi du des Genettes) et a eu des descendants.
Si on prend les collatéraux, il doit y avoir un grand nombre de descendants (avec ou sans particule, nom associé …)
Je ne suis pas allé plus loin dans les recherches
durasnel
le livre est à la maison à Rougnat vous pouvez venir le consulter .
BMPageyral
OK, je modifie le texte en conséquence !